PROCESSUS ELECTORAL EN RDC : RETOUR SUR CE BASIC QUI MET EN MAL LES ESPOIRS

 

Il est lourd le silence, de loin on l’entend sans pouvoir y croire. Les klaxons inaudibles, habituellement producteurs des bruits assourdissants sur un contexte pré-électoral chez nous. Le processus, sur sa gare de départ, ne réussit pas à passer à une autre vitesse, la démotivation semble gagner le pas, les plus malins opportunistes préparent les esprits au glissement et bien malin celui qui dira si le processus a avancé ou pas.

Dans notre pays, les élections sont le gage de la légitimité du pouvoir, surtout après une passation pacifique au sommet de l’Etat qui aura consacré une base démocratique du pouvoir. Un glissement risque de ne pas se faire sans heurt, quel que soit son format.
A moins de 610 jours des délais constitutionnels, bien malin est celui qui pourrait nous dire si le processus a avancé ou pas. Le contexte actuel laisse, cependant, observer trois facteurs majeurs : 1) Un processus au point mort, 2) Un contrepouvoir endormi et incapable de bousculer les décideurs et 3) Une insécurité stable et des hausses des tensions interethniques dans le pays.
Il n’est pas de prétention que ces points soient exhaustifs pour expliquer décrire le contexte post convi-19, un contexte de gouvernance caractérisée par des détournements des fonds incessants, une situation socio-économique teintée d’extrême pauvreté. Et point par point, il se dégage

1) Un processus au point mort :

Le processus a connu du retard, non seulement dabs la mise en place des nouveaux animateurs de la CENI, mais dans toute sa planification. Au-delà de la tumultueuse contestation soulevée par la nomination des nouveaux membres du bureau de la CENI, l’espoir de voir ceux*ci faire avancer un processus, voulu, dans les délais et transparent, a motivé de l’eau dans le vin des parties prenantes.
A moins de 610 jours de l’échéance constitutionnelle, il convient de ne pas confondre l’organisation de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces à problème, avec les progrès de la gestion du processus électoral en cours. S’il convient de saluer les progrès à tâtons de la CENI sur l’organisation de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs, il est objectif de noter le statu quo de la gestion du cycle électoral encours lui-même.
En fait, la production du calendrier et électoral et son budget, ainsi que la négociation du plan de décaissement des fonds, deux garanties de clôture de l’étape de planification du processus et démarrage effectif du processus sont toujours aléatoires. Sans planification officielle doublée de son budget et sans échéancier de financement de ce plan, le véhicule électoral est au garage.
Tout laisse, à ce jour que ceci n’est pas la préoccupation centrale des acteurs, tant la CENI, la société civile, les politiques que les confessions religieuses.

2) Un contrepouvoir endormi et incapable de bousculer les décideurs :

Au tant le plus fort du pouvoir quasi dictatorial de Joseph Kabila, face à une opposition affaibli et incapable de mobilisation des masses, le contrepouvoir a été constitué par les mouvements citoyens, la Société civile et les confessions religieuses. Rien ne fut aussi fort que ces images des prêtres marchant avec leurs croix pour réclamer la démocratie et les élections et maltraités pour cette simple raison. Des jeunes bravant les forces de l’ordre à bras nus au nom de la démocratie. Ces victimes de la société civile qui restent des icônes et qui méritent statut de martyrs oubliés.
A ce jour, la société civile, autrefois contrepouvoir est majoritairement passée à bâbord : à peine si à sa tête on voit le chapeau politique à 100%. La honte, toute bue a pris le pas sur la discrétion des coulisses.
Les confessions religieuses - si l’on ne cite pas celles qui n'ont comme objectif que l’alignement favorable - ont décidé d’accompagner un processus aux arrêts. Une belle façon de jeter l’ancre dans l’abandon de l’Idéal. Nous devrons à la fin apprendre comment on peut paisiblement accompagner un processus sans planification. Et quand les saints sont couverts des cadeaux, que disent les Ecritures à propos ? Le silence devient une loi. Que s’est-il passé au juste entre les confessions religieuses et le pouvoir en place, après la tournée des responsables des différentes institutions auprès de l’ECC et de la CENCO ? Bien malin qui le dira
Les mouvements citoyens, un peu parents pauvres, semblent plus focalisés sur les priorités de la paix à l’Est du pays.
Les parties politiques, tous, hors quelques-uns, ont pacte d’union sacrée et sont à tables du gâteau. A quoi se résume l’opposition aujourd’hui ?
Voici donc une situation d’absence quasi absolue de contrepouvoir et il est fort probable que le contexte reste celui des discours discrets, même des tenants les plus farouches des valeurs démocratiques.

3) Une insécurité stable et des hausses des tensions interethniques dans le pays.

La province de l’Ituri a été victime de l’amputation de son droit de vote lors des derniers scrutins, suite à la situation d’insécurité. L’Est du pays n’est pas revenu à la paix, l’Etat de siège reste dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri. Cela est un état de choses assez stable, l’insécurité à l’Est, les alliances de bonne foi déployées par le Président de la République envers certains pays voisins de l’Est n’a pas permis de résoudre le problème. Et tout récemment encore, des mouvements rebelles, supposés disparus, comme le M23, ont refait bruyamment surface.
Il faudrait noter la montée des tensions régionalistes : les dernières en date, entre kasaïens et katangais et des perspectives de violence communautaire dont les risquent sur la paix et la cohabitation sont majeurs. Avec elles, la zone d’insécurité et d’improbabilité des scrutins sur certaines parties ou toutes des certaines provinces.
Le but de ma tribune est de réveiller la conscience nationale sur l’impératif de tout notre peuple et de tous les acteurs à travailler sur la consolidation de notre démocratie. La RDC ne peut aujourd’hui se permettre de reculer dans les perspectives de consolider sa démocratie.
La faute n’est pas qu’aux dirigeants, sans contrepouvoir, tout pouvoir est légitimé même dans les dérives. L’absence de contrepouvoir est en fait un appel des acteurs au non-respect des règles. Ainsi, il a été dit, un peuple n’a que les dirigeants qu’il mérite.

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